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Isabela - Day 6

  • DWS
  • Jun 23, 2020
  • 2 min read



Je n’existe pas. J’existerais peut-être seulement en pensée. Et de ma vie, il ne restera qu’une série d’images, de progrès et de mésaventures. Il ne restera de mon corps qu’un tas de cendres, une infinité contenue dans une poignée de main. Et l’éternel verra enfin sa fin. De toi, il restera une image. Une image floue dont je ne discernerais plus les traits. Et songer qu’à un instant tu fus tout pour moi. Et imaginer que ce qui fut ne soit plus. Pleurer jusqu’en rire et danser jusqu’à ce le sol devienne de l’eau. Puis je volerais. Toujours plus haut, toujours plus haut, ce jusqu’à toucher les étoiles. Je n’existe plus. Il se peut que j’aie existé. Mais de cette personne, je ne garde plus rien. Seulement des cris et des pleurs ; seulement des rires et des peurs ; des souvenirs figés dans le temps.

J’ouvre des livres, copie des lignes, passe mes doigts à travers des milliers d’ouvrages. Cette fille c’est moi, mais de moi il ne reste plus que le silence. Un silence oublié avant même qu’il ne s’installe. J’ai vécu. On a compté sur moi. J’ai été une amie, une sœur, une amante. Celle qu’on a aimée, celle qu’on a haïe. Et à présent, je suis une image qui disparaît lentement, je suis des rêves que j’ai permis au vent d’emporter. Il eut un temps où j’étais tout. À présent, je ne suis plus rien. Il eut un temps où je ressentais, mais je ne sens plus que le vide. Je me meus dans le néant et ne connais rien d’autre que le cri insonore de l’espace.

Puis tout d’un coup, c’est comme si tout s’effaçait. Comme si tout prenait fin, et qu’il ne restait de moi que quelques lignes d’écriture courante. J’étais. À présent, je ne suis plus.

Et songer qu’un jour je fus. Songer que j’eus senti ce que les vivants ressentent encore. Songer que j’eus reçu la même bénédiction que toi et savoir que nous nous fûmes connus. Savoir que je fis la connaissance de ta personne et que je connus la chaleur de tes yeux et l’éclat de ton âme. Savoir qu’à ce moment, et en ce lieu seulement, j’étais en vie et que seulement face à toi j’étais en vie. Et ce fut comme si tout revenait en place et que par ta seule présence je parvenais à me reconstruire. Et songer qu’un jour je serai. Songer sentir de nouveau que tu ressens encore. Et danser, danser jusqu’à n’en plus pouvoir. Fermer les yeux et voler. Partir toujours plus fort, toujours plus haut, toujours plus fort, et ce jusqu’à me dissoudre dans une rivière de souvenirs. Et ne plus rien ressentir. Ne ressentir aucune peur, ne sentir rien d’autre que la chaleur de ta main dans la mienne et vivre dans l’étendue qu’offre le silence. Peut-être oublier et chanter dans le cri du vent, pleurer sous le tonnerre et finalement comprendre ce qu’est la vie. Comprendre ce qu’est aimer et mourir avant d’avoir ouvert les yeux. Disparaître pour surgir des flammes et affirmer avoir vécu.




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